« Mon chien pense que… », « Mon chien sait que… » ; Avez-vous déjà entendu ce genre de phrases ? Peut-être vous est-il même arrivé d’en dire vous-même ? Tellement vite pensées, tellement facilement prononcées, et pourtant, tellement nocifs pour son poilu… Dans cet article, voyons ensemble pourquoi dire des choses pareilles ne rime à rien, et même, est contre-productif en matière d’éducation canine ! Poursuivez votre lecture et découvrez pourquoi vous ne devriez jamais prononcer ce genre de phrases.
Un chien réfléchit-il comme nous ?
Avant toute chose, il est important de se questionner un instant sur la manière de fonctionner d’un chien. Eh bien oui, comment oser prétendre savoir que « son chien pense que… », sans avoir la moindre idée de ce qui peut réellement se passer dans sa tête ? Mettons les choses au clair :
Cerveau du chien ≠ cerveau de l’homme
Comme vous faites maintenant partie des habitués de notre blog, vous avez sûrement remarqué que, pour expliquer son fonctionnement, nous comparons souvent le chien à un homme. Nous en avons même fait un article dédié (Les 8 points communs entre mon chien et moi), pour vous présenter les points communs entre la manière de faire d’un chien et la nôtre. À la fin, nous expliquons toutefois LA grande différence qu’il est très important de connaître, au risque de tout prendre de travers !
Cette différence n’est autre le fait que le chien « ne réfléchit pas » à ce qu’il fait. Ce qu’on veut dire par là, ce n’est pas que le chien est un animal bête (bien au contraire !), mais qu’il réagit d’instinct à ses pulsions et à son environnement. Une odeur qui plane dans l’air ? Votre chien ne va pas se poser tranquillement et évaluer les pour et les contre à rechercher sa provenance. Non. Il va instantanément coller sa truffe au sol et renifler partout pour trouver d’où elle provient, peu importe que vous soyez pendu à l’autre bout de la laisse.
Le piège est donc là. On cherche généralement des explications logiques pour justifier les comportements de son compagnon, en se basant (de manière plus ou moins consciente) sur le fait qu’il prend des décisions de la même manière que nous. C’est pourtant loin d’être le cas, et penser de la sorte nous met malheureusement des idées totalement absurdes dans le crâne.
Toujours en quête d’opportunités
En plus de réagir instinctivement à ce qui l’entoure, votre loulou est en quête permanente d’opportunités. Comme le dit Céline, du blog Hund.fr, dans cet article sur les concepts intéressants à connaître lorsqu’on a un chien : « Le chien est un animal opportuniste. Il fait ce qui lui rapporte le plus ou ce qui lui permet de perdre le moins. ».
« Mon chien sait rapporter la balle, mais il n’aime pas le faire. »
Comprenez-vous l’erreur qui réside dans une telle phrase ? En prenant en compte le fait que le chien ne se questionne pas sur ses agissements, on peut facilement comprendre qu’il est totalement absurde de dire une chose de la sorte. Tout d’abord, il n’est pas question pour votre loulou d’aimer ou non rapporter la balle, mais ce qu’il est susceptible d’en retirer n’est simplement pas assez attrayant pour que cela en vaille la peine.
Ensuite, apprendre quelque chose à son chien, c’est justement lui faire comprendre l’opportunité qui se cache derrière ce qu’on lui demande (c’est-à-dire, l’opportunité de recevoir une récompense : friandise, jeu ou autre). Plus il pratique, plus ça devient une habitude pour lui de le faire et moins la récompense aura besoin d’être attrayante (jusqu’au jour où il n’y a même plus forcément besoin de récompense). Si le chien ne rapporte pas la balle, pourquoi diable penser « qu’il sait le faire » ? Il faut simplement continuer à entraîner pour lui permettre de réellement maîtriser la manipulation !
Pourquoi dire « Mon chien sait que… » ne rime pas avec éducation positive
L’éducation positive, c’est expliquer à son chien les concepts de la vie de manière douce et heureuse, et prendre le temps qu’il faut pour qu’il les intègre réellement. Par la suite, il doit être capable de lui-même savoir quel comportement adopter dans chaque situation.
« Mon chien sait qu’il ne doit pas sauter sur les invités. Pourtant, ça ne l’empêche pas de le faire… »
Par quel hasard en arrive-t-on à se mettre des idées pareilles en tête ? Si on réfléchit à ce qui a été dit jusque-là, cela signifie plutôt que le chien n’a rien à gagner à garder ses 4 pattes au sol. Ou du moins, la récompense n’a pas suffisamment de valeur pour que cela en vaille la peine. Du coup, pourquoi arrêter de sauter ? C’est tellement chouette !
Penser ce genre de chose, c’est attendre de son chien qu’il maîtrise quelque chose qu’il n’a pas suffisamment entraîné. C’est donc aller à l’encontre de l’éducation positive, qui veut qu’on lui explique clairement les choses, et qu’on persévère pour lui laisser le temps de réellement comprendre ce qu’on attend de lui. Si vous voulez qu’il se comporte d’une certaine manière, trouvez une récompense qui en vaille le coup, et recommencez simplement les explications.
« Mon chien sait que… » : Les effets de ce genre de phrase
Penser que son chien sait quelque chose, mais choisit de faire l’inverse, c’est croire qu’il passe beaucoup de son temps à réfléchir à ce qu’il fait. Plus que ça, on considérerait que le chien, réputé à la base pour être le meilleur ami de l’homme, est en fait bien plus mesquin que ça. Il remettrait toutes ses actions en question avant de les effectuer, et irait jusqu’à « désobéir » sous prétexte qu’il ne veut juste pas s’exécuter car il en a la flemme, ou pour je ne sais quelle autre raison. Au final, dire « Mon chien sait que… », c’est lui coller une étiquette marquée « filou », »vaurien » ou « sacripant », alors qu’en réalité, il mérite bel et bien tout l’inverse !
De plus, se mettre ce genre de choses en tête, c’est condamner son chien à ne plus jamais apprendre. Rappelez-vous, nous en parlions dans cet article ; au fil du temps, apprendre de l’homme est devenu plus qu’un simple passe-temps, c’est maintenant un réel BESOIN chez le chien ! Penser que « son chien sait quelque chose », c’est partir du principe que le concept est gravé dans la roche et qu’il n’est désormais plus possible de le changer… Erreur ! En réalité, un chien apprend bel et bien tout au long de sa vie. Comme dit plus haut, éduquer son chien signifie lui apprendre ce qu’il a à connaître. Est-ce vous qui lui avez appris à se comporter de la sorte ? Non ? Alors c’est que votre chien, au contraire, ne sait justement pas quel comportement adopter, car personne ne le lui a enseigné !
Un dernier exemple
Voulez-vous faire une expérience intéressante ? Allez sur un réseau social de votre choix, et posez la question : « Comment apprendre à son chien à ramener la balle ? ». Je vous garantis que vous aurez au moins une personne qui vous répondra que « S’il ne la ramène pas, c’est qu’il n’aime pas ce jeu ! ».
Comment est-il possible de prétendre connaître les goûts d’un chien, avec comme seul indice (qui n’en est pas vraiment un) la question qui vient d’être posée ? Cette personne vient en plus d’exprimer ce qui se passe dans la tête d’un chien qu’elle ne connait ni d’Ève, ni d’Adam. Dire une telle phrase, c’est en fait juste choisir d’être flemmard… Mon chien n’aime pas ci, donc je ne le fais pas. Mon chien n’aime pas ça, alors je ne vais pas le lui apprendre. Et tout ça uniquement grâce à une interprétation complètement farfelue de ce qui pourrait se passer dans la tête de son compagnon.
Arrêtons une bonne fois pour toute de parler à la place de nos compagnons, et utilisons plutôt ce temps pour leur apprendre ce que nous voulons qu’ils maîtrisent ! Votre chien ne fait pas quelque chose ? Apprenez-lui, il ne demande que ça. Partez du principe que si ce n’est pas votre chien qui vous l’a dit, c’est que c’est potentiellement faux, qui que soit l’humain qui vous l’a dit 😉 .
Donc au final, que faut-il retenir ?
Un chien est un être « pur » (C’est un peu nunuche de dire ça, et pourtant en réalité, c’est effectivement plutôt vrai !). Il n’est pas fourbe comme peuvent parfois l’être les hommes. Il cherche simplement les opportunités qui peuvent lui rapporter le plus, et va donc agir en conséquence. La vision d’une bonne partie de jeu, de quelque chose de délicieux à engloutir ou de quelques caresses, voilà des récompenses qui méritent d’écouter et d’apprendre ce que vous avez à lui enseigner.
En racontant des âneries tel que « Mon chien sait que… », vous considérez votre chien comme un être diabolique et sournois, qui ne pense qu’à son petit profit. C’est pourtant tout le contraire ! Un chien vit l’instant présent et l’aborde toujours sur le ton de la joie et de la curiosité. Ne condamnez pas votre loulou s’il ne fait pas ce que vous lui demandez, c’est simplement qu’il n’a pas appris à le faire ! Alors au boulot, c’est justement le moment d’aller le lui enseigner 😉
Photos Unsplash par : Meredith Hunter, Robina Weermeijer, Nathalie Spehner et Chen Yij.