Les catégories de chien : Chiens « dangereux »

Les catégories de chien : Chiens "dangereux"
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Si comme nous, vous vous intéressez à l’éducation canine (oui oui, c’est bien de ça que nous parlons dans ce blog), vous avez sûrement déjà entendu parler de catégories de chiens et des chiens dits « dangereux ». Les races ont été classées selon différents critères et séparées en différents groupes. Cet article sera relativement théorique, car nous nous sommes intéressés à ces classifications, afin de comprendre ce qui se cache derrière tout ça. Quelle est la différence entre une catégorie et un groupe ? Pourquoi a-t-on défini des catégories ? Et qu’est-ce qu’un chien « dangereux » ? Poursuivez votre lecture pour découvrir le fin mot de tout ça 😉 .

Les informations contenues dans cet article sont valables début 2021. Nous mettons l’accent sur le fait que nous ne surveillons pas la publication de nouvelle loi à ce sujet. Nous vous mettons les sources d’où proviennent ce que nous vous présentons, afin que vous puissiez vérifier en tout temps si des modifications ont été apportées.

Que sont ces catégories de chiens ?

Vous l’avez peut-être déjà compris, mais les « catégories » et les « groupes » de chiens sont 2 choses bien distinctes, qui n’ont en fait pas de réel lien entre eux. Les groupes servent à classer les chiens selon leurs caractéristiques communes. Alors que lorsqu’on parle de catégories, on parle en fait des races de chiens susceptible d’être dangereux. Chaque pays défini dans sa loi ce qu’il considère comme un chien dit « susceptible d’être dangereux ». Par exemple, en France, la section 2 du code rural (Article L211-12, pour ceux qui aiment être précis 😉 ) défini les 2 catégories suivantes :

  • 1ère catégorie : Les chiens d’attaque
  • 2ème catégorie : Les chiens de garde et de défense
  • (Divers blogs et forums parlent souvent de 3ème catégorie, qui inclurait toutes les autres races. C’est toutefois probablement dans le but de ne pas faire de jaloux, car en réalité, aucune 3ème catégorie n’est définie au sens de la loi.)
Entrainement de chien de police pour à l'attaque.

En Belgique, chaque zone de police se débrouille pour établir ses règles, mais on retrouve des similitudes entre chacune. Quant à la Suisse, aucune loi n’est rédigée d’un point de vue national. C’est à chaque canton de définir ses propres règles et personne ne fait réellement mention de « catégories ». On parle directement des races interdites ou comprenant des restrictions. Continuez pour découvrir plus bas les races pour lesquels sont imposées des restrictions, et nous verrons ensuite comment concrètement interpréter tout ce charabia.

Par soucis de clarté, nous nous concentrerons dans cet article sur les différentes catégories de chiens. Pour ce qui est des groupes, nous vous préparerons un autre article spécifique, afin de ne pas tout mélanger. Une fois écrit, vous pourrez le trouvez simplement en cliquant ici (oui, pour l’instant il ne se passe rien si vous cliquez là 😛 ).

Les races de chiens catégorisées

Allons-y donc par pays. Pour la France, selon la version en vigueur au 9 décembre 2020 de l’arrêté du 27 avril 1999, les races qui subissent des réglementations sont :

Chiens de 1ère catégorie – France

Nous avons ici 4 races qui se démarquent :

  • Les chiens assimilables aux races Staffordshire terrier et American Staffordshire terrier (Amstaff), communément appelés « Pit-bulls ».
  • Les chiens assimilables à la race Mastiff, communément appelés « Boerbulls ».
  • Les chiens assimilables à la race Tosa.

On note « assimilable » pour préciser que le chien n’a pas besoin d’être un « chien de race » (LOF, pour les intimes). Si ses caractéristiques morphologiques sont proches (donc qu’il y ressemble), il fera partie de cette catégorie. Un chien croisé avec une de ces races a donc de grandes chances d’être un chien de 1ère catégorie.

Chiens de 2ème catégorie – France

La 2ème catégorie française compte également 4 races :

  • La race Staffordshire terrier.
  • La race American Staffordshire terrier (Amstaff).
  • La race Tosa.
  • La race Rottweiler, ainsi que les chiens assimilables à cette race.

« Mais, les 3 premières sont déjà de catégorie 1, non ? ». C’est là toute la subtilité. Un chien de race Stafforshire terrier, American Staffordshire terrier ou Tosa fait partie de la 2ème catégorie s’il est reconnu comme étant un chien de race (LOF), mais fera partie de la 1ère s’il ne l’est pas (non LOF).

Ensuite, pour la Suisse, voici quelques exemples de réglementation de différents cantons :

Pour la Suisse, quelques exemples par canton

En Suisse, les réglementations ne sont pas aussi clairement définies. Comme c’est les différents cantons qui choisissent leurs propres règles, vous pouvez vous retrouver avec une race de chien autorisée dans certaines zones, mais interdites dans d’autres. Mieux vaut s’être renseigné à l’avance si on désire adopter un chien potentiellement dangereux !

Canton de Genève

Dans le canton de Genève par exemple, il est interdit de faire l’acquisition d’un chien considéré comme potentiellement dangereux (C’est inscrit juste ici). Soit les races suivantes :

  • American Staffordshire Terrier
  • Boerbull
  • Bullmastiff
  • Cane Corso
  • Dogue Argentin
  • Dogue de Bordeaux
  • Mâtin brésilien
  • Mastiff
  • Mâtin Espagnol
  • Mâtin de Naples
  • Pitbull
  • Presa Canario
  • Rottweiler
  • Thai Ridgeback Dog
  • Tosa Inu

Canton de Vaud

Pour ce qui est du canton de Vaud (ça, c’est chez nous ! 🙂 ), il n’y a pas d’interdiction. Les propriétaires de chien potentiellement dangereux doivent faire une demande avant d’adopter, et suivre un cours obligatoire pour détenteurs de chiens. Le site du canton mentionne les races Rottweiler, American Staffordshire Terrier et American Pitbull Terrier, ainsi que leurs croisements. Toutefois, la Loi sur la police des chiens, texte visant à réglementer la chose dans le canton, explique à l’article 3 que « le Conseil d’Etat dresse la liste par voie réglementaire » des chiens dits de combat. Eh bien même après de longues recherches, nous n’avons pas été en mesure de trouver cette fameuse liste. À croire qu’elle n’existerait pas !…

Canton du Valais

Ce canton, comme celui de Genève, liste noire sur blanc une série de races interdites (leur site est là) :

  • American Staffordshire Terrier
  • Bull Terrier
  • Staffordshire Bull Terrier
  • Pitbull Terrier
  • Doberman
  • Dogue argentin
  • Fila Brasileiro
  • Tosa
  • Rottweiler
  • Mastiff
  • Mâtin napolitain
  • Mâtin espagnol
Rottweiler qui mâchouille un pneu

Canton de Neuchâtel

En ce qui concerne notre dernier exemple, le canton de Neuchâtel, il semblerait qu’il ne déclare aucune restriction quant à une quelconque race. Ici, tous les chiens sont acceptés 🙂 .

Vous voyez donc à quel point les directives sont différentes selon chaque canton. Un trajet d’une trentaine de minute, et votre chien pourrait subitement passer dans la catégorie des chiens réglementés !

Et enfin, voyons pour ce qui est de la Belgique :

Les chiens susceptibles d’être dangereux en Belgique

Comme dit plus haut, en Belgique, les zones de polices établissent leurs propres directives. Par exemple, la Police Locale Centre Ardenne regroupe tous les chiens susceptibles d’être dangereux dans une « catégorie 1 » (que vous pouvez retrouver en cliquant ici), qui contient les races suivantes, ainsi que les croisements avec au moins l’une de ces races :

  • Akita Inu
  • American Staffordshire Terrier
  • Bandog
  • Bull Terrier
  • Dogue Argentin
  • Dogue de Bordeaux
  • Staffordshire Bull-Terrier
  • Mâtin Brésilien
  • Mastiff
  • Pitbull Terrier
  • Rodhesian Ridgeback
  • Rottweiler
  • Tosa Inu

Pour la zone de Charleroi, l’article 1 du « Règlement Général de Police » en contient quelques-unes supplémentaires :

  • Staffordshire Terrier ;
  • Doberman ;
  • Berger allemand ;
  • Berger lakenois ;
  • Berger malinois ;
  • Berger Belge Groenendael ;
  • Bouvier des Flandres ;
  • Bouvier des Ardennes ;
  • Cane Corso ;
  • Matin de Naples.

Légèrement plus qu’en France ! Si vous êtes dans une autre zone, cherchez le règlement général de police qui s’y applique, il devrait normalement contenir la liste qui s’applique à l’endroit en question.

Mais alors, un chien « susceptible d’être dangereux », c’est quoi ?

Potentiellement dangereux ≠ dangereux !

Ok, vous en savez maintenant davantage sur ce que sont ces catégories, et à quels chiens elles s’appliquent. Mais finalement, qu’est-ce que c’est, un chien « susceptible d’être dangereux » ? Vous l’avez surement remarqué, mais nous mettons l’accent depuis le début de cet article sur le terme SUSCEPTIBLE, ou POTENTIELLEMENT.  Car oui, on prend malheureusement souvent l’habitude de raccourcir en ne parlant que de « chiens dangereux », mais le message n’est pas le même !

Parler de « chiens dangereux », c’est partir du principe qu’il faut se méfier de ces races comme de la peste. Résultat, on se retrouve avec d’un côté des personnes qui adoptent ces chiens pour, par exemple, combler un besoin de virilité, et de l’autre, ceux qui cultivent une peur grandissante (et parfois irrationnelle) face à ces races. Profitons donc de remettre les pendules à l’heure.

Oui, bon… On ne va pas jouer sur les mots… Si ?

En réalité, les races de chiens catégorisées le sont pour une simple et bonne raison : Ce sont tous des chiens qui, s’ils décidaient de se rebeller, prendraient rapidement le dessus sur l’homme. Ils sont en fait bien plus puissants que nous, ont bien plus de force et deviendrait quasi incontrôlable si cela se produisait. Au fil du temps (certainement suite à de multiples accidents, comme toujours), des règles ont été mises en place, et les catégories de chiens susceptibles d’être dangereux ont fait leur apparition.

Un chien de catégorie reste donc un chien, avec qui il faudra néanmoins s’assurer de ne pas faire n’importe quoi. Il fonctionne de la même manière, a aussi besoin d’être socialisé dès son plus jeune âge, demande à être éduqué correctement et a besoin d’amour de la part de ses proches. Il ne naît pas dangereux, mais le deviendra si ses propriétaires ne font pas les choses correctement avec lui.

Attention, nous ne sommes pas en train de vous encourager à vous tourner vers ces races, surtout si vous adoptez pour la première fois. Gardez simplement en tête que, du moment que l’animal est bien dans ses pattes et que vous vous comportez correctement face à lui, il n’y a pas plus de danger qu’avec une race non catégorisée.

Avoir un chien de catégorie, qu’est-ce que ça change ?

Pour terminer, parlons des différences à avoir un chien de catégorie. Car oui, forcément, ce n’est pas juste pour faire joli que ces catégories existent. Choisir d’adopter une de ces races vous sera plus contraignant si vous décidez de le faire.

Panneau restrictif pour chien

Les restrictions en France pour chiens de catégories

En France, toujours selon la section 2 du code rural, les restrictions pour avoir un chien de catégorie sont les suivantes (attention, cette liste est non-exhaustive) :

  • Être âgé de 18 ans ou plus.
  • Ne pas être sous tutelle.
  • Ne pas avoir été condamné pour crime et ne rien avoir d’inscrit sur le bulletin n°2 du casier judiciaire.
  • Ne pas s’être vu retirer la propriété ou la garde d’un chien.
  • Avoir obtenu une attestation d’aptitude suite à une formation sur l’éducation et le comportement canin, ainsi que sur la prévention des accidents.
  • Faire évaluer le comportement de son chien.
  • Faire identifier le chien et le vacciner contre la rage (vaccination antirabique).
  • Souscrire une assurance responsabilité civile pour les dommages causés aux tiers par l’animal.
  • Museler le chien et le tenir en laisse sur la voie publique et dans les parties communes des immeubles collectifs.

Uniquement avec les chiens de la 1ère catégorie :

  • Stériliser le chien.
  • L’accès aux transports en commun est interdit.
  • L’accès aux lieux publics (sauf voie publique) et aux locaux ouverts au public est interdit.

Uniquement avec les chiens de la 2ème catégorie :

  • Museler le chien et le tenir en laisse dans les lieux publics, les locaux ouverts au public et les transports en commun.

Les restrictions en Suisse pour chiens de catégories

Reprenons notre liste de canton, et les restrictions pour chacun :

Canton de Genève

Dans le canton de Genève, nous avons expliqué plus haut qu’il est simplement interdit de faire l’acquisition d’un chien considéré comme potentiellement dangereux. Toutefois, si vous possédez déjà un de ces chiens et que vous voulez venir vous établir dans le canton, vous pouvez demander une dérogation sous certaines conditions. Ensuite, la seule restriction est de devoir porter une muselière dès qu’il quitte le domicile, sur l’ensemble de l’espace public (toujours selon le site internet du canton).

Canton de Vaud

Le canton de Vaud, lui, défini que pour avoir un chien potentiellement dangereux (même si on ne sait toujours pas vraiment de qui on parle, à part le Rottweiler, l’American Staffordshire Terrier et l’American Pitbull Terrier), il faut :

  • Bénéficier d’une autorisation en ce sens qui nécessite :
    • d’avoir des connaissances canines,
    • de suivre régulièrement des cours d’éducation canine dès l’acquisition du chien.
  • Ne pas détenir un autre chien dans son ménage.
  • Lui faire porter une muselière s’il n’est pas promené par son propriétaire ou son détenteur habituel, si toutefois « les circonstances l’exigent du point de vue sécuritaire » (décidément, pas très précis ce canton de Vaud !…).

Canton du Valais

Pour ce canton, comme dans celui de Genève, les chiens susceptibles d’être dangereux sont simplement interdits. Toutefois, ils sont autorisés pour un séjour limité de 30 jours par année. À ce moment, en dehors de la sphère privée, en plus de l’obligation générale de tenir son chien en laisse, ces chiens « doivent porter une muselière ou une applique dentaire adaptée neutralisant les morsures ».

Les restrictions en Belgique pour chiens de catégories

Pour la Belgique, c’est donc toujours selon la zone de police que les directives sont établies. En reprenant les exemples cités ci-dessus, en Centre Ardenne, adopter un chien potentiellement dangereux implique de :

  • Signaler l’acquisition auprès de l’Administration Communale dans les 3 mois
  • Subir un contrôle de son domicile par la Team Canin de la Zone de Police Centre Ardenne, afin d’obtenir une autorisation de détention.
  • Avoir une assurance responsabilité civile qui couvre l’animal.
  • Lui faire porter une muselière de manière efficace.
  • Ne jamais le laisser sous la seule surveillance d’un mineur en-dessous de l’âge de 16 ans accomplis.
Port de la muselière pour chien de catégorie.

Tandis que pour la zone de Charleroi, ce sont les directives suivantes :

  • Il est interdit de laisser un chien potentiellement dangereux sous la seule surveillance d’un gardien âgé de moins de 18 ans.
  • Le port de la muselière est obligatoire.

Le fin mot de tout ça

Un chien de catégorie, ce n’est pas un monstre, un démon incontrôlable qui ne répand que haine et désespoir sur son passage. Non, l’homme a simplement préféré définir comme « potentiellement dangereux », les races qui, par leurs morphologies, présentent un risque de blessures importantes en cas de perte de contrôle. C’est en fait un chien plus puissant que l’homme, qui pourrait facilement se rebeller si l’envie le prenait.

Ne cultivons pas de peur exagérée envers eux, ils ne le méritent pas et n’ont rien fait pour. Ils restent simplement des chiens, et comme avec tous, il faut prendre le temps de leur apprendre de manière adaptée, en prenant en compte leurs avis et leurs tempéraments. Rappelez-vous que pour en faire des chiens bien dans leurs pattes, les bases sont une bonne socialisation et une bonne éducation.

Si vous vous lancez dans l’adoption d’une telle race, vous aurez à prendre plus de précautions et aurez plus de contraintes dans la vie de tous les jours. Cependant, après avoir lu cet article, vous devriez avoir une bonne idée de ce à quoi vous attendre. Renseignez-vous suffisamment à l’avance pour être sûr de ne pas prendre une décision que vous regretteriez, et si c’est votre première adoption, penchez-vous peut-être sur une race « plus facile » pour ne pas prendre de risques inutiles 😉 .

Cet article vous a plus ? Alors n’hésitez pas à le partager et à nous mettre un petit commentaire juste en dessous, ça fait toujours plaisir.

Photo Unsplash par : Lesly Juarez, Rebecca Campbell, Frank Busch et Annie Spratt

Photo Flickr par Samuel King Jr


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